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Posté par Rachel 17 novembre 2006 0 commentaire

Article sur les Couteliers Basques dans Maison Magazine

Le couteau basque tout un symbole

Un frère et une sœur, profondément attachés à leurs racines, ont imaginé et créé un couteau basque unique, le Mizpira. Un travail d’orfèvre.

Pour leur couteau, Pascal et sa sœur Rachel ont choisi un manche en bois scarifié et un ressort orné d’une croix basque ciselée et sculptée à la main… Pascal Exposito affûte son talent.

Rachel Exposito a 32 ans et son frère Pascal 10 de plus. Si leurs parcours ont parfois divergé, ils sont unis par deux liens indéfectibles, l’amour du pays et celui de la coutellerie d’art. Ensemble, ils décident d’offrir aux Basques un couteau symbolique, puisant ses racines dans les savoir-faire ancestraux. Rachel se penche sur les archives locales et nationales, puis questionne les musées, épluche tous les vieux catalogues Manufrance. Le seul « Yatagan, couteau basque » existant est fabriqué à Thiers et diffusé sous d’autres noms dans toutes les régions françaises : « c’est n’importe quoi, il faut trouver mieux. »

Cinq années de séchage du bois.

Leur référence absolue, c’est le makila, bâton traditionnel du berger basque, au pommeau de métal gravé et à pointe défensive. Un objet utilitaire élevé au rang de chef-d’oeuvre grâce à Charles Ainciart Bergara, maître du genre, qui l’a fait connaître dans le monde entier. Rachel et Pascal sont fascinés par le traitement du bois avant qu’il devienne « Makila » : de jeunes pousses de néfliers sauvages sont scarifiées sur toute leur longueur pour que les gonflements de sève en gardent le tracé. C’est une évidence, le manche de leur couteau doit reprendre cette particularité. L’un des derniers scarificateurs en exercice accepte de leur enseigner cet art qui requiert une maîtrise et une patience inimaginables. Nos jeunes entrepreneurs ont tout à apprendre. Observer la qualité des soles, sélectionner au printemps les bonnes pousses dans la forêt, leur imprimer une blessure régulière avec diverses roulettes crantées, attendre la lune de novembre pour les récolter. Et attendre encore, jusqu’à cinq ans, pour obtenir un séchage parfait, entre étuvage, écorçage et redressement à chaud, traitement contre les vers, trempage dans la chaux vive afin de donner au bois cette couleur caramel. Pendant ces longues années de séchage, Rachel et Pascal ont alors tout loisir d’affûter la ligne de leur couteau, qu’ils baptisent Mizpira, « fruit du néflier ». Après le bois scarifié, la croix basque bien sûr, sculptée dans les ressorts fabriqués à la forge de Laguiole. A l’état brut, ces ressorts ressemblent à des cuillers aplaties. Pascal évide d’abord grossièrement les contours au disque, puis peaufine à la lime, patiemment, de belles croix arrondies. Du travail d’orfèvre mais rien en comparaison du manche, fendu en feux, poncé et creusé de l’intérieur afin de s’ajuster parfaitement à la platine sans vis apparentes. En dix mois, Pascal a réalisé 280 Mizpira en travaillant d’arrache-pied.

Marie-Amal Bizalion
Maison Magazine

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