Au Moyen Âge, les forgerons du Moyen-Orient fabriquaient des lames d’acier aux qualités inégalées. Le secret de cet acier a été perdu au XIXème siècle mais, heureusement, il semble avoir été retrouvé grâce à de nombreuses expériences récentes de métallurgie pour le plus grand plaisir des amateurs de fines lames ! Dans cet article, nous allons vous raconter son histoire et vous révéler un bon nombre de ses secrets…
Nom, origine et particularités
L’épée a longtemps été l’une des principales armes des guerriers. Bien évidemment, les armées qui avaient les meilleures épées bénéficiaient d’un certain avantage sur leurs ennemis. C’est lors des croisades que les européens découvrirent les fameuses épées fabriquées avec des lames de Damas. Elles furent longtemps considérées comme étant les meilleures du monde. Le nom de ces lames vient vraisemblablement de l’atelier médiéval de Damas qui est aujourd’hui la capitale de la Syrie. On raconte également que ce nom leur a été attribué par rapport au lieu où elles ont été trouvées.
On peut très vite reconnaître une lame Damas grâce à deux caractéristiques principales :
- Elle présente des motifs ondulés sur sa surface
- Elle a un tranchant très acéré
Selon une légende, un sabre en acier damassé aurait été capable de couper un mouchoir de soie flottant dans le vent. Un exploit inégalé par une autre arme européenne.
Ainsi, très réputée au Moyen Âge, cet acier servait également à la fabrication d’autres armes (poignards, haches, fers de lance, …). Pourtant, malgré l’abondante utilisation de cet acier, même les forgerons occidentaux les plus habiles n’ont jamais pu découvrir ses secrets de fabrication…
Il y a environ 200 ans, le secret de fabrication de ces lames a été perdu dans son pays d’origine : aucune épée de Damas de bonne qualité n’a plus été forgée en Orien depuis le début du XIXème siècle. Heureusement, grâce à des expériences de métallurgie assez récentes, nous sommes désormais capable de reproduire des répliques de ces lames.
Caractéristiques techniques de l’acier de Damas
Autrefois forgé à partir d’un mélange de fer et de carbone importé d’Inde appelé le Wootz, une lame Damas est aujourd’hui le résultat du corroyage d’au moins 2 nuances différentes d’aciers. Des aciers doux alliés à des aciers durs, des aciers carbones alliées à des aciers riches en nickel, il existe une infinité de possibilité selon le résultat que l’on veut obtenir. C’est le choix des matières premières qui donne ses propriétés hors du commun à la lame Damas. La combinaison d’acier tendre et d’acier dur confère un tranchant très résistant et une souplesse incroyable.
Procédé de fabrication
Pour faire une lame damas, on choisit des morceaux d’acier différents de mêmes tailles (au moins 2) que l’on empile pour former un bloc que l’on appelle une trousse. On chauffe ensuite une première fois cette trousse dans un foyer de forge à charbon entre 800 et 900°C pour l’amener à la température de forge. Une fois sortie, elle sera brossée pour éliminer les impuretés avant de la chauffer à nouveau à 1200°C. Puis, la trousse est posée sur une enclume et martelée pour souder les différentes nuances d’aciers entre elles. Elle est ensuite étirée, découpée en 2 ou en 3 puis repliée sur elle-même. On renouvelle ensuite l’opération : chauffer, marteler, replier… jusqu’à obtenir le nombre de couches souhaitées.
L’étape du repliage permet à l’acier de se débarrasser des impuretés, l’acier est donc raffiné pendant le processus et le nombre de couches est augmenté.
Toutefois, après toutes ces étapes, les motifs distinctifs de ces lames n’apparaissent pas encore, il faut les révéler. Pour cela, après avoir été polies, elles sont trempées dans un produit acide qui attaque différemment les aciers du bloc. Suivant les procédés de forge et les techniques mises en oeuvre, les motifs seront différents. Voici une petite vidéo de la révélation d’une lame Damas pratiquée dans l’atelier des Couteliers Basques.
Les avantages
Au delà de l’aspect esthétique, grâce aux motifs qui se dessinent sur ces lames, elles sont aussi et surtout plus robustes et plus tranchantes que les lames classiques. A ce jour, en termes d’acier, il n’existe rien de mieux que le Damas. C’est bien pour cela que les japonais en sont aussi friands, tant pour les katanas que pour leur couteaux de cuisine. Avis aux amateurs 🙂