Un parcours atypique…
Aussi loin qu’il s’en souvienne, Charles Roulin a toujours eu un couteau dans sa poche. Enfant déjà, il sculptait des personnages dans des morceaux de sapin. Le voyant très intéressé par la peinture et le dessin, son père le destine peintre en bâtiment. Son certificat en poche, il décroche un travail et se lance dans l’apprentissage par correspondance de la photographie. Photographe de mode et de publicité, reporter indépendant, à 30 ans, Charles M. Roulin refuse de rejoindre l’armée, ce qui lui vaudra de passer par la case prison pendant 6 mois. Il se liera d’amitié avec des Gitans, auxquels il consacrera une exposition de photos.
A 40 ans, le revoilà peintre en bâtiment et restaurateurs de tableaux. Puis, dans les années 80, passionné de pêche à la mouche, il fabrique des cannes en bambous refendus à 1000 francs la pièce. Les amateurs sont rares… Mais c’est là que le hasard abat sa carte maîtresse : un industriel normand, pêcheur à ses heures, lui achète deux cannes. Charles lui offre un Opinel dont il avait sculpté le manche en forme de truite. Sans le savoir, il venais de rencontrer un des plus grands collectionneurs de couteaux d’art du monde. Celui-ci l’invite chez lui pour lui faire découvrir sa collection. A ce moment là, c’est une véritable révélation, il a trouvé sa voie. Quelques mois plus tard, il se retrouve dans l’antre d’un célèbre coutelier américain, De bon Butch Beaver en Arizona, où il ne restera que quelques semaines car il n’avait plus rien à apprendre.
De retour à Genève, il reprend une activité de poseur de papiers peints et monte son atelier dans une chambre d’appartement de neuf mètres carrés. Passionné, les idées se bousculent dans sa tête. Il travaille sans relâche. Cinq ans plus tard, il aura imposé son savoir-faire et l’originalité de ses créations.
Une renommée mondiale
Aujourd’hui, c’est l’un des plus grands couteliers au monde. Une fine lame de la coutellerie, le seul à ciseler les lames à travers la masse jusqu’à sculpter des scènes en 3 dimensions. Il fait partie de ces artisans qui, à force de perfectionnisme et de remises en question, ont fait de leur métier un art unique. Ainsi, ses créations sont très prisées des amateurs et des collectionneurs.
En effet, les scènes de chasse sculptées dans l’acier, l’ambre ou la corne sont de véritables chefs-d’œuvres qui lui ont permis d’acquérir une réputation mondiale au fil des ans. Notamment grâce aux nombreuses récompenses qu’il a obtenues : 1er prix et prix « Coup de Cœur » lors du SICAC de Paris en 1990, 1992 et 1994, un award d’honneur remis par le magasine américain « Knives Illustrated », un spécial « Merit Award » reçu lors du festival du couteau d’art à Thiers en 1996 suivi d’une distinction de l’American Bladesmith Society à Orlando aux Etats-Unis ; le 1er prix « Coup de cœur publique » à Milan en 1997, …
Une passion en acier trempé
Se faire consacrer dans cet univers élitiste exige beaucoup de travail, de patience et une volonté… d’acier. Charles a toujours été manuel, il aime toucher la matière, l’apprivoiser, en découvrir les secrets. La liste d’attente pour avoir un « roulin » est très longue… Il faut patienter près de trois ans pour avant d’acquérir un précieux couteau signé « Ch. Roulin ». En effet, il faut environ un mois et demi au coutelier pour finaliser un couteau. Il ne fabrique donc que 5 à 6 couteaux pliants et une dizaine de couteaux droits par an. Malgré les longues heures passées à travailler sur une pièce, Charles Roulin ne sacralise pas ses couteaux, ils doivent être utilisés…
Aujourd’hui, il a plus de 75 ans, mais il ne pense toujours pas à la retraite. Il continuera de fabriquer des couteaux tant que ses yeux le lui permettront, pour le plus grand plaisir des collectionneurs…
Découvrez ses créations sur son site internet 🙂